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Samedi 02 octobre 1999

... le train arrivera à destination avec pas moins de quatre bonnes heures de retard ! Il fait chaud ici en plein midi, et mon sac pèse une tonne sur ce dos tout mouillé par la sueur. Je cherche l’office du tourisme, comme d’habitude à mon arrivée dans une ville, afin d’obtenir un plan, et je comprends que c’est la police qui assure cette fonction... J’ai droit à une carte trop vieille sur laquelle figure une mauvaise adresse du consulat français auquel j’avais l’intention de rendre visite, pour je ne sais plus trop quelle raison du reste. Je finirai par le trouver, après une heure de marche, mais bien sûr fermé ! Tant pis.

L’AJ est bon marché car très sommaire. Je ne suis pas dans cette ville depuis quatre heures, je me dis déjà que je ne m’y attarderai pas : c’est très « occidental ». C'est une vraie station balnéaire de la côte Est où il faut aller chercher les plages à plusieurs kilomètres ; de toute façon, je ne suis pas là pour faire trempette. Le soir, en me promenant dans les rues qui bordent les quais, j’aurai l’impression d’être sur la Côte d’Azur : peu palpitant...

Je décide d’aller sur le champ prendre un billet pour partir au plus tôt vers la côte Ouest. Une nouvelle fois, je rencontre des problèmes de communication. Cette fois, c'est avec le vendeur de billets de la compagnie de bus : impatience manifeste de sa part quand je demande quelques renseignements basiques comme les horaires de départ et d’arrivée ou le prix. Et pourquoi est-ce qu’il n’achète pas son billet sans poser de questions, celui-là ? C’est parfois dur, mais il faut s’y faire : le touriste n’est pas toujours le bienvenu...

Après une petite promenade, durant laquelle des camions de la K-FOR me rappellent que l’ex-Yougoslavie n’est pas très loin, je ne peux m’empêcher de goûter au classique du sandwich grec (celui que l’on trouve un peu partout, également en France...) : pas mauvais, bien qu’un peu trop salé.

À l’AJ, je fais la connaissance d’Allemands et d’un Belge vivant aux îles Canaries qui est parti en vélo de Bruxelles avec l’intention de rallier l’Inde. Il rencontre des difficultés à obtenir un visa pour traverser l’Iran ou l’Afghanistan, et essaye de trouver une solution pour contourner ce « problème ». Il me raconte également ses petits tracas lorsqu'il a traversée la Roumanie : des gens lui avaient lancé des pierres, des chiens l’avaient poursuivi. Mais il me précisa qu’il avait été très bien accueilli à plusieurs reprises par des villageois, et confirma que c’était un très beau pays.

Dimanche 03 octobre 1999

Après une balade sur le port, je me promène avec un Allemand d’origine turque qui veut aller visiter la maison d’Atatürk. Moi, je ne savais même pas qu’Atatürk avait vécu là ! Au fait, qui c’était Atatürk ? Pour tout avouer, à part son origine (mais... « C’était facile »), je ne savais rien de ce personnage. Qu’est-ce qu’on apprend à l’école ?!... De son vrai nom Mustapha Kemal, il a libéré le peuple Turc du joug européen et asiatique pour fonder la nation turque, dont il réclame et obtient l’indépendance au début des années vingt. Après avoir proclamé une loi imposant à chaque citoyen de prendre un nom patronymique, il se nomma lui-même Atatürk, le « Père des Turcs »1.

Je ne me sens vraiment aucune envie de rester plus longtemps dans cette Nice de la côte macédonienne, alors je vais sans regret prendre mon bus pour traverser le pays durant la nuit. J’ai rencontré des gens sans gêne qui vous bousculent sans s’excuser et des automobilistes négligents envers le pauvre piéton. Sans parler de ces employés de la compagnie de bus bien peu aimables hier : est-ce le comportement typique grec, ou bien seulement un mauvais échantillon de la ville ? Je ne sais pas trop, mais ce qui est certain, c’est que je serai poursuivi jusqu’au bout dans ce pays par l’inconfort et la fatigue car le voyage est très désagréable. Je dormirai très mal le peu de temps que je réussirai à dormir, avec ce voisin qui n’hésite pas à prendre ses aises à mes dépens !

Lundi 04 octobre 1999

Nous arrivons à Hyromenitsa à quatre heures du matin ! Un ferry part dans quelques minutes pour l’île de Corfu (Kerkyra en grec), mais je n’ai pas de ticket et pas d’argent sur moi. Mon sac sur le dos, je pars faire un tour dans la ville. En Grèce, j’aurais voulu passer quelques jours dans un petit village ressemblant à celui qui a bercé un peu mon enfance dans le feuilleton Zora La Rousse (ça rappellera des souvenirs à certains). J’ai bien peur que ce ne soit pas possible : il n’y avait pas la K-FOR chez Zora ! Je prends un chocolat en compagnie d’une ribambelle de militaires qui ont garé sur le parking leurs blindés. Les souvenirs sont beaux, mais la réalité est autre. Le monde bouge...

Je renonce donc à ce projet, et finalement, après avoir mangé un pain au chocolat (cela faisait longtemps) en guise de petit déjeuner, je m’embarque à neuf heures trente pour Corfu. À peine débarqué – la traversée dure une heure – je suis accosté par une belle jeune fille intéressée surtout par... mon argent. Cette Canadienne travaille dans une sorte d’auberge. Elle me présente une plaquette de son hôtel et me donne un tas d’informations supposées être toutes plus alléchantes les unes que les autres, mais j’ai un peu de mal à comprendre ce qu’elle me dit. Ça ne m’empêche pas de faire semblant... J’accepte la proposition par fainéantise : je n’ai pas envie de chercher et je prends ce qui vient à moi (à moins que ce ne soit l’inverse ?). Au moment de déposer mon sac dans le coffre d’une Mercedes un peu vieillotte et de m’installer à l’arrière, je deviens complètement paranoïaque : et si ce n’était qu’un coup fourré pour me déposséder de mes affaires ? Tant que nous serons en ville, je n’aurais de cesse de me retourner pour vérifier que personne ne s’approche trop près du coffre non fermé à clé...

Et finalement, je me retrouve dans une chambre double très confortable (hélas ! je suis seul...) dans une grande bâtisse qui a presque les pieds dans l’eau et offre une superbe vue sur la mer ionienne. Je passerai l’après-midi sur la plage à faire bronzette en compagnie d’une jeune Allemande. Pas de visite (de toute façon on est un peu loin de tout), pas de pollution ni de gens pressés, pas de bruit à part celui des vagues... Que demander de plus ?

Mardi 05 octobre 1999

Nouvelle journée « repos », même si je grimpe tout de même deux fois au village le plus proche, Pélékas, pour faire quelques emplettes et changer un traveller’s chèque. Toutefois, répéter cette rude grimpette de sept cents mètres dans une île qui ressemble beaucoup, physiquement parlant, à la Corse en plus petit, ça use énormément.

Je me retrouve ce soir à l’AJ en compagnie de l’Allemande, d’Américains, de Canadiens, et bien sûr d’Australiens, pour des agapes constituées de plats typiques grecs. C’est très bon, et j’en avais bien besoin car même si je n’ai pas une activité débordante, je commençais à en avoir un peu marre des repas gâteaux fruits.

Mercredi 06 octobre 1999

Je décide de ne pas trop m’attarder ici. Je commence à m’ennuyer : rien à visiter, pas de « local » à rencontrer, les autres jeunes sont exclusivement attirés par la mer et le farniente, ma seule « activité » depuis deux jours. Et puis l’Italie n’est pas très loin...

Je prends une place dans le ferry qui part cette nuit à une heure du matin, et je dépose mon sac en consigne pour aller visiter la ville de Corfu. Elle possède un grand nombre de sites intéressants du fait d’un passé historique assez chargé. Belle balade durant quatre heures. La vie s'écoule toujours si paisiblement en voyage. Quel luxe de ne rien faire...



1 Ceci expliquant cela, j’ai mieux compris à mon retour, après avoir consulté mon encyclopédie, l’empressement de mon compagnon de promenade à vouloir visiter cette demeure...

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