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Jeudi 07 octobre 1999

Il est sept heures du matin, nous débarquons à Brindisi, petite bourgade située dans le talon de la botte. Sur le quai, attendant une navette qui va me conduire dans le centre un peu éloigné du port, je fais la connaissance de Nancy et Frank, un couple de vieux Américains de Bremerton (banlieue de Seattle, État de Washington). Ils voyagent entre l’Italie et la Suisse, ce qui ne me surprend pas vu le nom de famille de Frank, à forte consonnance italienne. Je les accompagne à la gare, où ils me donnent leurs adresse et numéro de téléphone pour leur rendre visite lorsque je serai de passage aux États-Unis, dans quelques semaines ou quelques mois.

J’ai horriblement faim, et même s’il est à peine dix heures, je vais manger un hamburger dans un fast-food de cette chaîne américaine qui a du mal à s’implanter à Millau. Quel décor de rêve que toutes ces belles jeunes filles italiennes s’affairant autour de moi... Mama mia !

En route ! et c’est le cas de le dire : je n’ai pas l’intention de continuer à payer le train ou le bus car mes finances en prennent un sacré coup à chaque fois. Je vais faire du stop. Pour cela, il faut que je sorte de la ville. Je vais m’apercevoir qu’avant de pouvoir lever le pouce, il faut marcher à n’en plus finir. Environ une heure plus tard, à la sortie de la ville, je dégotte un bout de papier sur lequel j’inscris en grosses lettres capitales : « ROMA », et comme il faut être poli, j’ajoute en dessous, en plus petit : per favore (s'il vous plaît), non sans avoir pris soin de m’enquérir auprès d’un autochtone de l’orthographe exacte... Après une heure d’attente, et plusieurs dizaines de voitures passées sans s’arrêter (dont une bande de jeunes crétins qui a réussi à me faire le coup du : « Je m’arrête un peu plus loin et j’attends que tu commences à courir derrière la voiture pour redémarrer en trombe... » Ah ! que vous êtes drôles, espèce d’histrions de foire !), je me demande si je suis bien placé. Il y a pourtant assez d’espace pour s’arrêter devant ou derrière moi. Je décide de m’avancer un peu sur une petite route parallèle longeant ce que je jurerais être une autoroute, tout en levant le pouce dès que j’entends un moteur s’approcher. Je me demande déjà combien de temps je vais rester ici, et si je vais finalement réussir à sortir de la botte de l’Italie. Suivant un chemin qui s’écarte de l’autoroute, je me rapproche de la mer pour contourner un champ, et me retrouve bientôt sur la plage, ne percevant plus de la route que le bruit des voitures filant à toute allure. Ma progression dans cette zone sauvage et quelque peu marécageuse devient délicate. La végétation, qui me sépare de la pista et m’est totalement inconnue (il s’agit de grandes tiges de plus de deux mètres de haut, terminées par des fleurs blanches et ressemblant à un duvet, pour autant que je m'en souvienne) forme un réseau extrêmement dense et impénétrable. Par ailleurs, la « plage » se rétrécit de plus en plus. Elle ne semble pas être aménagée pour les promeneurs du dimanche, alors moi, avec mon sac sur le dos ! Je m’aide avec un bâton comme je peux et je continue ma progression jusqu’à ce que je rencontre un problème de taille : la mer rentre à l’intérieur des terres et je ne peux contourner ce mini delta à cause de la végétation. Il est hors de question de faire demi-tour car j’ai marché plus de deux heures depuis que j’ai quitté complètement la ville. Tant pis ! J’ôte mes chaussures, mes chaussettes, lance mon sac de l’autre côté et je passe comme je peux sur l’autre rive. Alors que l’opération a réussi avec succès, que j’ai épargné à mes souliers et mes pieds un bain désagréable, le vent emporte ma carte de la région (obtenue à Brindisi) et, finalement, je vais être obligé de prendre ce bain forcé pour rattraper les feuilles... Encore une bonne demi-heure de marche. Je me retrouve alors près d’une bâtisse posée sur le bord de la falaise. Je lis un panneau planté là, et comprends que je progresse depuis deux heures dans une réserve naturelle protégée dans laquelle la promenade n’est pas franchement recommandée. Je comprends pourquoi cette zone n’est pas aménagée, d’autant que la mer est totalement interdite d’accès : baignade et promenades sur l’eau prohibées...

Enfin un chemin qui va me ramener vers l’autoroute. Chic ! À mi-parcours, une voiture passe et accepte de m’emmener sur la route secondaire jusqu’à un croisement idéal pour faire du stop. Mais apparemment mon idéal n’est pas celui des conducteurs, espèce de plus en plus rare sur cette portion. Je reprends la marche et envisage déjà le moyen d’attraper un bus ou un train pour le Nord, songeant que je pourrais bien passer la nuit dehors si je ne progresse pas plus, lorsque mon premier candidat s’arrête. Il s’agit de Franco, une bonne cinquantaine d’années, qui va me mener quelques kilomètres plus loin dans sa vieille Peugeot 309 un peu rouillée, tout en s’étonnant de me voir sur cette route et pas sur celle d’à-côté pour faire du stop. Je lui dis alors que je n’y vais pas car je suppose que le stop est interdit sur les autoroutes, comme c’est le cas en France. Ce à quoi il répond qu’il ne s’agit pas d’une autoroute et que je peux tenter ma chance. C’est donc ce que je vais faire tout de suite après qu’il m’ait déposé, au bout d’un quart d’heure d’une agréable promenade à vitesse réduite. Mais avant, je ne sais plus trop comment ni dans quel contexte, je me retrouve sur une petite route dans une direction qui n’est pas bonne du tout. Je voulais essayer de trouver un village le long de cette côte sans fin pour y faire une halte. Je vais encore beaucoup marcher pour rien, avec mon sac sur le dos et sous un soleil bien pesant.

De retour sur cette « route pour automobile », la délivrance va venir très rapidement lorsqu’un Italien me prend et m’emmène jusqu’à Bari. J’aurais parcouru certainement plus de quinze kilomètres à pied avec mon sac sur les épaules et dans des conditions assez épuisantes. C’est une initiation un peu dure à la route, mais je sais que cela ne fait que commencer, et la joie intense que m’a procuré chaque arrêt d’une nouvelle voiture qui allait me faire avancer un peu, ne fût-ce que de trois ou quatre kilomètres, vers un but pas vraiment fixé, fait rapidement oublier les pieds gonflés par les kilomètres parcourus.

Mon premier vrai stop va donc me laisser dans une station service à l’entrée de Bari, sur la côte Est. Le sympathique chauffeur, photographe de son état, rentrait chez lui après une journée de travail à Brindisi. Il parlait très bien français car il avait passé plusieurs années dans le Sud, preuve que certains n’ont pas attendu l’ouverture des frontières pour voyager et travailler en Europe. Il me conseilla d’indiquer clairement mon pays d’origine, à l’aide d’un petit drapeau cousu sur le sac par exemple, pensant que cela pouvait augmenter les chances de faire arrêter un automobiliste « sympathisant », comme lui, envers la France. C’est une idée intéressante que je n’ai pas testée, mais elle a certainement aussi son revers : combien ne se seraient pas arrêtés afin d’éviter de prendre un Français dans leur voiture ? Bien peu, je crois, mais...

Ravigoté par un bon steak dévoré à l’Autogrill, et gonflé à bloc par cette première journée que je considère comme plutôt positive, je vais, avec un peu de culot, forcer la main de mon prochain candidat. Il s’agit d’un routier à qui je dis sur un ton interrogateur, et en accompagnant ma parole d’un geste frénétique du pouce : « Roma ? »... Je ne sais toujours pas très bien quel chemin le chauffeur a emprunté, mais je reste persuadé qu’il a fait un détour assez important pour me mener le plus loin possible sur la route de Rome. Un Grand merci en tout cas ! Il me dépose alors dans une autre station service près d'une ville nommée Benevento. Il est plus d’une heure du matin et je compte me reposer un peu avant de repartir. Je cherche un endroit à l’extérieur pour dormir, mais le fond de l’air est plutôt sacrément frais ! C’est ainsi que je vais passer ma première nuit à la belle étoile, sur un banc en bois dans cette Area servizionne, alors que la température va tomber à quelques degrés au-dessus de zéro seulement. De toute façon je ne dormirai pas bien longtemps.

Vendredi 08 octobre 1999

Je me réveille avant sept heures, sous le regard amusé des jeunes pompistes emmitouflés dans leurs blousons, qui me saluent de leurs mains recouvertes d’énormes gants. Il a vraiment fait froid cette nuit !... J’aimerais pouvoir prendre une douche, mais ce n’est pas vraiment possible dans les sanitaires sommaires de la station. Alors je fais un brin de toilette, sentant bien (dans tous les sens du terme) que je ne pourrai pas tenir ainsi beaucoup plus longtemps. C’est là le principal écueil de la belle étoile...

De bon matin, alors que le soleil est à peine levé, je commence à faire du stop à la sortie de la station service. Je dois attendre une bonne heure avant que l’un des rares clients s’arrête et m’invite à grimper dans son auto. Nous parlons un peu, en anglais, de l’Italie. Lui va à l’aéroport chercher des amis, et c’est là qu’il me laissera pour que je rejoigne le centre par le train. OK, pas de problème, je pense que de l’aéroport, je n’aurai aucun mal à trouver ma route. En chemin, nous traversons le centre de l’Italie sur une autoroute qui suit le fond de la vallée. Sur les flancs ou au sommet des petites collines qui s’étendent autour de nous, des villages semblent monter la garde. C’est assez joli. À l’aéroport, je prends le train et me retrouve bientôt au cœur de Rome.

Pouah ! Que les Romains sont désagréables au volant ! Les rues sont de véritables pièges à piétons et tous les conducteurs des descendants de Fangio ! Mais bon, c’est Rome, c’est l’Italie, avec ses monuments illustres et toujours... ses jolies filles ! La ville de la papauté accueille et recueille en son centre un grand nombre de mendiants. Je me souviens notamment de cette belle jeune fille sur une grande place en travaux (je me dirigeais alors vers un magasin d’articles de randonnée, où j’espérais acheter un de ces fameux gants « qui lavent sans eau »). Elle m’avait lancé un sourire auquel je n’avais pu répondre que par un autre sourire. Quelques instants après, me rappelant que je n’avais pas encore mangé aujourd’hui malgré l'heure tardive, je décidai de partager quelques biscuits avec elle pour essayer de lui parler. Mais je n’en avais plus assez. Je me mis alors en quête d’une petite épicerie pour acheter de quoi nous sustenter. J’ai trop tardé à revenir, hélas ! car la belle s’était envolée. Je l’ai cherchée partout sur la place, poussant même la porte d’une église proche, sans succès...

Je ne savais toujours pas ce que j’allais faire pour me décrasser un peu, et mes épaules commençaient à fatiguer à cause du sac. Dans une agence de voyages, je prends les horaires pour me rendre en Corse où je pourrais me loger en famille, me reposer et reprendre des forces quelques jours. J’hésite entre la liaison directe Livourne-Bastia, qui m’oblige à monter assez haut vers le nord, et passer par la Sardaigne via Civitavecchia, une petite localité au nord de la capitale... Mais le vrai problème reste d’ordre « agréable » : où dormir ce soir, et comment faire pour prendre une douche ? Pour la douche, je demanderais bien à l’une des nombreuses églises du coin, mais je me dis qu’elles ont certainement à s’occuper d’autres personnes de manière plus prioritaire, et surtout, franchement, je n’ose pas. Et puis j’imagine si jamais ils me demandent si je suis praticant... ? Alors je me décide à passer la nuit dans Rome, mais cette fois pas dehors. Je vais aller à l’auberge de jeunesse située un peu en périphérie. En attendant, toute une bonne partie de l’après-midi, je « marche sur Rome », traversant le « champ de course », contournant le Colisée, foulant la place du Vatican, franchissant quelques ponts, ...

J’arrive assez tard à l’AJ qui me rappelle de nombreux souvenirs... militaires. J’ai l’impression d’être dans la base marine de Hourtin où j’ai passé (perdu ?) cinq jours il y a environ deux ans : des couloirs impersonnels, des dortoirs impersonnels, des salles de bain impersonnelles, un accueil impersonnel... C’est un peu la chaîne : énormément de voyageurs, pas de cuisine – on peut prendre ses repas dans une sorte de cantine au sous-sol –, pas de pièce intime. Je ne suis pas un numéro ! Et en plein milieu de la nuit, des anglophones rentrent dans le dortoir sans prendre la moindre précaution, allumant les lumières et parlant très fort. Comme s’ils avaient bu...

Samedi 09 octobre 1999

Ah ! que c’est bon un vrai petit déjeuner, avec du pain, du beurre et de la confiture à tremper dans un chocolat chaud. Du pain, j’en ai mangé souvent dans les pays à l’Est, mais du beurre et de la confiture, cela faisait longtemps. Ainsi requinqué, je pars dès huit heures du matin avec mon sac sur le dos pour continuer mon stop.

Le plus dur avec ce moyen de transport, comme je l’ai déjà expliqué, c’est qu’il faut sortir de la ville pour trouver un endroit favorable. Je prends donc le métro pour quitter le centre-ville vers le nord, mais suite à une erreur de calcul, je descends trop tôt et me rends compte que je vais devoir marcher. Je vais ainsi déambuler, revenir sur mes pas, et finalement me retrouver près de l’autoroute au bout de deux bonnes heures. C’est grand Rome !

Je prépare une banderole, pour indiquer ma destination, avec une bande adhésive épaisse trouvée sur le bord de la route près d’un chantier, et sur laquelle j’inscris : Civitavecchia. Alors que je m’affaire avec le morceau collant de plus de cinquante centimètres de longueur, je vais avoir la très agréable surprise – du genre de celles qui vous font oublier que vous venez de parcourir plusieurs kilomètres à pied – de voir s’arrêter « spontanément » une automobiliste, tandis que je suis accroupi en train de m’occuper de mes affaires, pour me proposer de me conduire où elle va. Cela peut paraître surprenant – car à la lire, cette scène n’éveille certainement pas grand chose dans l’esprit du lecteur – mais cette sympathie désintéressée (non, je ne suis pas naïf !) m’a procuré beaucoup de joie. Avoir vu tant de voitures passer sans ralentir depuis deux jours, et voir celle-ci s’arrêter, alors qu’elle était lancée à vive allure et que je n’avais pas encore commencé à lever le pouce, m’a rempli de joie, un peu comme le « don » de cette jeune Tchèque qui m’avait offert un peu de son bonheur... Mon sauveur est finalement un jeune étudiant en mathématiques, la femme qui s'était arrêtée n’allant pas dans ma direction. Nous avons discuté un peu du système universitaire italien : il m’a semblé, aux dires de mon chauffeur, nettement plus sélectif que le système français.

Me voilà donc dans ce petit port où je vais prendre un cargo pour la Sardaigne. Prochain départ ? Vers onze heures ce soir. Quelle heure est-il ? Même pas deux heures de l’après-midi ! Presque dix heures à attendre dans cette ville que je n’ai pas la plus petite envie de visiter. Le port est désert, ou presque : il ne semble pas s’agir d’un lieu très fréquenté par les touristes, mais plutôt d’un petit port marchand. Sans doute est-ce parce que nous sommes en octobre, car à côté d’un petit bar-restaurant se trouve une salle d’attente spacieuse qui doit accueillir de nombreux passagers en haute saison. En tous les cas, elle est déserte et pour moi tout seul aujourd’hui ! Le coin est tellement tranquille que je laisse mon sac sous les sièges sans aucune inquiétude, le quittant enfin un peu des yeux, l’oubliant. Tout l’après-midi, des trains vont amener des wagons vers les cargos et les opérations de chargement vont s’effectuer à quelques mètres de là.

Pour mon déjeuner, que je prends vers les quatre heures, je n’hésite pas à entrer dans le McDo qui se trouve à côté du port. Je ne sais pas dans combien de repas je vais manger de nouveau quelque chose d’un peu consistant, alors je profite de cette occasion. Au fur et à mesure que le temps passe et que la nuit tombe, des voitures et des camions vont s’accumuler près du lieu d’embarquement, et quelques compagnons venir me rejoindre dans la salle. J’ai passé un après-midi agréable, à ne rien faire d’autre qu’attendre. Je ne sais toujours pas ce qui était si bon : ne pas avoir d’activité alors que tout s’agite autour de soi, ou bien la perspective de la suite de mon voyage, après avoir constaté que j’avançais relativement bien sur les routes, sans but, sans contraintes, sans horaires ? En tous les cas, c'était une journée réellement hors du commun au sens littéral, c'est-à-dire sans aucun point commun avec l'ordinaire, l'habitude. Ce sera rétrospectivement un de mes meilleurs après-midis...

Une fois à bord du petit cargo voguant vers la Sardaigne, je m’installe confortablement sur l’une des nombreuses rangées de sièges inoccupés et je me glisse dans mon sac de couchage pour passer une nuit sans histoire, qui commencera dès que les lumières seront éteintes à la fin du match de foot que les passagers et plusieurs membres d’équipage regardent à la télé. Football, opium des masses...

Dimanche 10 octobre 1999

Il est très tôt lorsque je débarque en ce frais matin d’octobre. Quelques pas dans la petite ville me mènent rapidement vers la sortie et vers ma prochaine destination, Santa Teresa, d’où je prendrai un nouveau ferry pour aborder la Corse « par la face Sud... » Il fait encore nuit lorsque je commence mon stop. Il y a très peu de voitures bien sûr, cependant je suis confiant. Première fausse alerte : un couple assez âgé me propose de m’emmener, mais ils vont vers une ville plus importante au sud, alors que je veux me diriger vers le nord. Je remercie ces sympathiques Sardes et reprends ma position, bien assis sur le rebord du trottoir. Je me rendrai compte une bonne demi-heure plus tard que j’aurais dû accepter leur invitation car apparemment, personne ne se rend à Santa Teresa sans passer par cette ville plus importante...

J’accepte finalement ce petit détour qui va me conduire jusqu’à un embranchement de voies rapides. Le soleil commence à se lever, que j’accueille avec grand plaisir vu la température qu'il fait ! Le paysage est aride, un peu lunaire par endroit, avec des mini-montagnes qui font ressembler cette partie de l’île à la Corse, mais en moins haut. Après un rapide déjeuner dans un bar restaurant très propre, très moderne, et surtout situé au milieu de nulle part, je me remets en route. Matinée épuisante : je vais beaucoup marcher, d’abord du plat – ouf ! – puis très rapidement une colline que je gravis dans l’espoir de trouver un point stratégique pour faire mon stop, mais une fois l’ascension terminée, je comprends que je vais devoir pousser encore quelques kilomètres sur le chemin. C’est l’éternel problème : on cherche le « meilleur » endroit où les voitures pourront s’arrêter, alors on se dit : « Encore un peu, là-bas ce sera mieux... » Et si une fois arrivé « là-bas » on s’aperçoit que ce n’est pas le cas, pas question de revenir en arrière : toujours aller de l’avant, sauf danger évident ! Alors on continue : « Encore un peu, là-bas ce sera mieux... » Si bien que je parcours plusieurs kilomètres à pied, avec ce sac qui pèse de plus en plus sur mes épaules – ah ! ce sac, si léger il y a quelques jours lorsque a débuté mon initiation dans les marécages de Brindisi, et qui est aujourd’hui si encombrant, si lourd ! –, et la chaleur succédant à la fraîcheur du petit matin.

Alors que je commence à en avoir assez, un petit camion benne s’arrête et me propose de me conduire. Nous nous retrouvons à trois sur la banquette du conducteur, tandis que celui-ci m’explique, dans un très bon anglais (!), qu’il m’a croisé un peu plus tôt alors qu’il allait dans l’autre sens, pensant bien me retrouver dans cette direction quand il repasserait. Un peu plus tard, je serai conduit par un jeune Fangio qui coupe les nombreux virages et pousse la boite de vitesse en même temps qu’il me regarde avec un petit sourire en coin pour tester ma réaction. Je reste cependant impassible, car habitué depuis plus de vingt ans à ce genre de conduite sur les lacets sinueux de montagne, avec pour plus proches amis la paroi d’un côté et le ravin de l’autre... Arrivée à Santa-Teresa en début d’après-midi, après quatre-vingts kilomètres de bitume dont un petit nombre non négligeable parcourus à pieds. Je vais prendre le prochain ferry pour Bonifacio qui part à quatre heures. Une fois revenu en... France (!), je marche encore quelques kilomètres pour aller chercher une auto qui me conduira à Porto-Vecchio. Bonne journée pour les pieds ! Je n’aurai pas de mal à m’endormir ce soir, surtout que je vais avoir droit à un vrai lit...

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